Franceinfo a recueilli le témoignage de quatre policiers français ayant requis l’anonymat. "Les propos racistes, c’est tout le temps. Tous les jours. Rapidement, je me suis rendu compte que c’était un milieu raciste. Pendant le confinement, on effectuait des contrôles d’attestation de déplacement dans les véhicules. Souvent, mes collègues excusaient les personnes blanches, les jeunes femmes, qui n’avaient pas leur attestation. Mais les personnes ‘de couleur’ étaient verbalisées. Pour eux, c’est naturel", raconte un policier, en fonction depuis 20 ans dans le sud-ouest de la France.
"Je me souviens d’un collègue pendant des contrôles de véhicules. Il voit passer deux Maghrébins. Il me dit, devant tout le monde : ‘arrête-moi les deux fellagas, les deux fellouzes’. Cela m’a marqué", raconte un autre membre des forces de l’ordre. Un policier en région parisienne confie avoir déjà repéré "des personnes africaines ou arabes avec de multiples fractures et ecchymoses" après une garde à vue alors "qu’elles étaient en bonne santé la veille".
"Des collègues se sont réjouis de la tuerie de Christchurch en Nouvelle-Zélande, trouvant légitime la motivation du terroriste. Lors de contrôles, ils traitent certaines personnes de ‘sales races’, de ‘bâtards’, de ‘rats’. Ils le font quand ils sont en surnombre ou que la personne est isolée et ne peut se défendre", ajoute-il.
Lors de son témoignage, un quatrième policier estime qu’il est difficile de changer les mentalités. "Un collègue a été évincé au bout de six mois parce qu’il ne tolérait pas les pratiques de la BAC. Contrôles d’identité musclés, propos racistes, coups portés sur les Noirs et les Arabes… Il a voulu en parler à sa hiérarchie, il a été écarté d’office. Et cet écart s’accompagne de harcèlement", relate-t-il. Selon lui, parler, c’est mal vu, on est traité de balance, voire menacé, ou exclu.
"C’est honteux de dire que le racisme n’existe pas dans la police, alors que tout le monde le sait, le voit et le subit. Les citoyens comme les policiers", conclut-il.