Maghreb : grosse galère pour les travailleurs précaires

27 mars 2020 - 14h00 - Economie - Ecrit par : G.A

C’est une période de vaches maigres pour les travailleurs sans contrat et sans protection sociale du Maghreb. Qu’ils soient au Maroc, en Algérie ou en Tunisie, ces travailleurs espèrent la fin rapide de la crise liée à la pandémie du coronavirus pour retrouver le sourire.

Depuis l’annonce de mesures drastiques par les pays du Maghreb en vue de faire efficacement face à la pandémie, certaines activités ont été suspendues, le temps de l’état d’urgence décrété par les autorités. "On est coincé chez nous, sans travail et sans solde. Le patron nous a payés le mois de février et nous a dit qu’il ne payera pas le mois de mars, mais on ne peut rien dire", explique Hakim, un jeune père de famille âgé de 30 ans, employé comme serveur dans un bar-restaurant de Rabat.

Il travaille dans le secteur informel, tout comme de nombreux artisans, journaliers, vendeurs ambulants, coursiers, gardiens, femmes de ménage, ouvriers du bâtiment, qui s’inquiètent pour leur survie. "Il n’y a plus de clients. En même temps, les prix des légumes ont flambé", fustige Mohamed, un plombier et père de trois enfants, qui travaille à son compte dans un quartier populaire de Rabat.

Si la situation est la même dans les trois pays, elle est particulièrement critique au Maroc. Selon l’Organisation internationale du tavail (OIT), "le pays est marqué par de grandes inégalités, avec un taux d’activité très bas (moins de 50 %) et un taux d’emploi informel de 79,9 % contre 63,3 % en Algérie ou 58,8 % en Tunisie". Face au risque social, le Maroc a déjà adopté des mesures d’aide aux entreprises, des primes mensuelles de 2 000 dirhams (environ 190 euros) aux salariés affiliés à la sécurité sociale qui perdent leur emploi, ainsi que, pour tous, des reports d’échéance pour les crédits à la consommation.

La Tunisie, avec une inflation de 7 % et un taux de chômage galopant, a également annoncé un plan d’aide aux entreprises et particuliers d’un montant total de 2,5 milliards de dinars, soit plus de 800 millions d’euros dont environ 50 millions d’euros, sous forme de prime aux plus démunis. Mais  "cela prendra du temps, et c’est en deçà des besoins réels", souligne Abdeljelili Bedoui, membre du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une ONG locale.

En Algérie par contre, le secteur de l’informel représenterait entre 40 et 50 % du PIB. La fermeture des cafés et des restaurants, la suspension des transports en commun et le confinement partiel décrété lundi soir à Alger et dans la région de Blida, n’arrangent pas les choses. "Qui va nous faire à manger, qui va nous faire vivre ? Nous n’avons même pas de quoi acheter des masques ou du gel pour nous protéger", se plaint Zohra. Âgée de 50 ans, elle a à sa charge quatre enfants et un mari au chômage.

L’Algérie est le plus touché des trois pays par la pandémie, avec 230 cas officiellement recensés, dont 17 décès et 65 rémissions, selon les chiffres disponibles, mercredi matin.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Algérie - Tunisie - Crise économique - Chômage - Coronavirus au Maroc (Covid-19)

Aller plus loin

Les Marocains, malheureux au travail

La plupart des travailleurs marocains disent ne pas être épanouis au travail. Selon une enquête menée par ReKrute, ils ne sont que 18 % à y trouver une certaine satisfaction.

Ces articles devraient vous intéresser :

Immobilier au Maroc : des contraintes en série

Au Maroc, les professionnels de l’immobilier affichent peu d’optimisme quant à une reprise de leur secteur. Tant les problèmes s’accumulent pour un secteur qui ne s’est pas encore suffisamment remis de la crise sanitaire de Covid-19.

Le tourisme marocain connaît une embellie pendant les fêtes de fin d’année

Au Maroc, plusieurs établissements hôteliers ont fait le plein pendant les fêtes de fin d’année. Une embellie après deux ans difficiles de crise sanitaire liée au Covid-19.

Le Maroc prépare les aéroports de demain

Le Maroc prévoit de se doter d’un nouveau Schéma directeur aéroportuaire national à l’horizon 2045, le dernier élaboré en 2013 étant devenu obsolète.

Aziz Akhannouch confiné après avoir contracté le Covid-19

Le Chef du gouvernement,Aziz Akhannouch, a contracté le Covid-19, sous une forme asymptomatique, selon le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas.

Maroc : l’état d’urgence sanitaire prolongé jusqu’au 31 décembre

Le gouvernement vient d’annoncer, une nouvelle fois, la prorogation de l’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du territoire national.

Nouvel appel au roi Mohammed VI

L’ancien joueur du Raja, Yassine Salhi s’est adressé au roi Mohammed VI dans un post sur Instagram, lui demandant d’intervenir, face à la flambée des prix.

Le Maroc met fin à la fiche sanitaire

Quelques jours après avoir annoncé la fin de l’état d’urgence sanitaire, les autorités marocaines portent à la connaissance des voyageurs que la fiche sanitaire n’est plus une obligatoire pour accéder au territoire.

Maroc : les autorités veulent imposer une réduction de la facture énergétique de 30%

Pour faire face à la hausse de la facture énergétique, les autorités ont demandé aux collectivités de baisser drastiquement la consommation de l’électricité des établissements publics et des réseaux d’éclairage public.

Le Maroc met fin à l’état d’urgence sanitaire

Le gouvernement marocain a décidé de mettre fin à l’état d’urgence sanitaire en vigueur depuis l’apparition des premiers cas de contamination au coronavirus.

Le FMI confirme l’éligibilité du Maroc à une ligne de crédit

Le Maroc a entamé des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) sur une nouvelle ligne de précaution et de liquidité (LPL), a annoncé, vendredi, le représentant de l’institution financière au royaume, Roberto Cardarelli.