Au Maroc, haro sur le hard rock en T-shirt noir

12 mars 2003 - 17h20 - Maroc - Ecrit par :

DAVANTAGE que les bruits de bottes contre l’Irak, une affaire mobilise l’opinion publique marocaine : la mise sous les verrous de jeunes musiciens par une justice qui a confondu amateurs de hard rock et adeptes de pratiques sataniques.

Au départ, le fait divers a des allures de blague. Une bande de garçons ont pris l’habitude de se retrouver dans un café de Casablanca décoré en forme de grotte. Issus des classes moyennes, ils sont bons musulmans, ne se droguent pas, aiment le hard rock et donnent à l’occasion des concerts. Pas de quoi fouetter un chat, sauf dans un pays où l’influence des musulmans intégristes pèse de plus en plus.

A la mi-février, les policiers font une descente et arrêtent les jeunes gens au domicile de leurs parents. Le butin saisi est compromettant : des CD de hard rock, un stock de T-shirts noirs, un serpent en plâtre rouge, un minuscule crâne-bougeoir...

Le procès en appel des membres présumés de la "secte satanique" s’ouvre à la fin du mois. Les quatorze accusés sont poursuivis pour "actes pouvant ébranler la foi des musulmans" et pour "détention d’objets contraires aux bonnes mœurs".

Le juge les interroge. Pourquoi chanter en anglais ? Pourquoi écouter des cassettes de rock plutôt que de Fatna Bent L’Houcine, une chanteuse populaire marocaine ? Pourquoi porter des T-shirts et non pas un costume et une chemise comme "les gens normaux" ? "Il s’agit de crimes très graves (...). On touche aux fondements de notre Etat : l’islam", lance le procureur, selon l’hebdomadaire Tel quel.

Jeudi 6 mars, le verdict tombe : les treize jeunes et le tenancier du café sont condamnés à des peines allant de 1 mois à 1 an de prison ferme. Mais ce que le tribunal n’avait pas prévu, c’est le tollé qui suit. Des journaux dénoncent une "dérive" policière et judiciaire. Des pétitions circulent. Un site est créé sur Internet. Mercredi, un sit-in suivi d’un concert est prévu à Casablanca. On est prié d’y venir en T-shirt noir.

Devant cette mobilisation inattendue, les autorités judiciaires ont commencé à faire machine arrière. Mardi soir, onze des quatorze condamnés ont bénéficié d’une mise en liberté provisoire en attendant le jugement en appel.

Jean-Pierre Tuquoi pour lemonde.fr

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