Argan : Le label Maroc menacé ?

8 février 2008 - 13h23 - Maroc - Ecrit par : L.A

Ça traîne pour l’élaboration du cahier des charges concernant le processus de protection de l’argan. En effet, après l’adoption de la loi relative aux signes distinctifs d’origine et de qualité des produits agricoles et des denrées alimentaires le 23 janvier dernier, coopératives et industriels du secteur ne trouvent toujours pas de terrain d’entente.

Le premier pas dans ce sens avait été entrepris par la Fondation Mohammed VI pour la recherche et la sauvegarde de l’arganier. Elle a été promotrice et coordinatrice du projet pour la mise en place d’une indication géographique (IG) pour l’huile d’argan. Elle tente d’ailleurs de méditer entre les deux parties en vue d’accélérer le processus. Elles ont tout à y gagner puisque l’IG permettra une traçabilité maximale et constituera un gage de la qualité du produit. L’enjeu est de taille. Il faut se dépêcher pour arrêter la prolifération des faux produits étiquetés d’origine et, surtout, stimuler les exportations. Il faut savoir que certains commerçants n’hésitent pas à acheter les amandes d’argan pour ensuite en fabriquer une huile, qui portera l’indication made in Tunisia ou made in Israel. Les prix grimpent à des sommes importantes, jusqu’à 500 euros le litre.

Par ailleurs, à côté des dattes, artisanat et autres produits du terroir à protéger, la culture de l’argan ou or vert, comme l’appellent certains, est menacée par plusieurs facteurs, le plus flagrant étant la déforestation des arganeraies. Il faut savoir que près de 600 hectares de terres d’arganier disparaissent par an, et que près de 2,5 millions de personnes subsistent directement ou indirectement grâce à ce produits et ses dérivés. Les chèvres mangent les amandes, mais les gens se servent aussi du bois des arbres pour se réchauffer en hiver. La Fondation a donc lancé des projets pour préserver cette ressource. Ainsi, l’on a eu recours à l’énergie solaire à travers une opération pilote menée à l’école de Sidi Bouzekri. Les habitants ont bénéficié de cuiseurs fonctionnant à l’énergie solaire pour les cantines scolaires. Le coût du four est de 80 euros.

Une bonne initiative si l’on sait que ce genre d’énergie permettra d’économiser jusqu’à 100 hectares de forêts d’arganier. Des arganeraies dont l’étendue actuelle est évaluée à 820.000 hectares dont 740.000 dans la région de Souss-Massa-Draâ. D’ailleurs, pour favoriser la replantation des arbres, qui demandent du temps, certaines terres sont « réquisitionnées ». Les propriétaires n’ont plus le droit d’exploiter leurs terres pendant une certaine période. Ils perçoivent tout de même des indemnités de reboisement à raison de 350 DH par hectare et par an.
L’évaluation de cette opération est prévue à la fin de cette année. Il faut savoir qu’en France par exemple, tous les produits de terroir portent l’inscription IG. En Europe, le sujet est pris très au sérieux. Les IG font vivre plus de 130.000 exploitants agricoles en France et 300.000 en Italie. Et c’est sûr que si le procédé au Maroc suit son cours normal, « l’IG va permettre de lutter contre les produits trafiqués, les magouilles et les fraudes », explique le Pr Katim Alaoui, DG de la Fondation. Cet organisme œuvre d’ailleurs pour préserver cette culture nationale et protéger les populations qui vivent avec. Et sa 4e AG aura probablement lieu à Essaouira, au cours du festival des Alizés (mai prochain).

A vos brevets !

Des bruits couraient selon lesquels le géant de la cosmétique, L’Oréal, aurait fabriqué des produit à base d’argan et désirait se saisir du label. « Nous n’avons aucune information sur ce sujet », confie le Pr Katim Alaoui. En tout cas, plusieurs producteurs utilisent l’argan dans leurs produits, soit comme clé de préparation ou excipient (vecteur du principe actif). Il est impossible cependant de les lister tous. Les laboratoires Pierre Fabre, pionniers de l’utilisation des fruits de l’arganier depuis plus de 20 ans, ont déjà à leur actif 4 brevets.

Arganothérapie

C’est un concept mis en place à l’image de la vinothérapie, qui exploite les propriétés bénéfiques des raisins sous forme de bains, massages ou traitements pour limiter les marques de l’âge, retrouver la forme, ou se détendre. Pour l’arganothérapie, c’est aussi une gamme de soins qui est proposée aux clients. En plus, ils rentrent en contact direct avec les producteurs : des circuits en arganeraies, avec haltes de dégustation et massage. La Fondation a déjà tenté l’expérience avec le groupe Colony Capital. Tout partenaire est le bienvenu, car il n’y a pas d’exclusivité. En contrepartie, l’investisseur doit prendre en charge la mise à niveau des arganeraies pour une meilleure autonomie et gouvernance des producteurs, surtout les femmes. « Elles sont allergiques à l’assistanat et leur dignité est importante », tient à souligner le Pr Katim Alaoui.

L’Economiste - Sara Badi

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Sujets associés : Exportations - Santé - Agriculture - Huile d’argan - Alimentation

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